Résumé:
Notre mémoire propose une lecture critique du roman Houris (2024) de Kamel Daoud,
œuvre controversée ayant reçu le prix Goncourt. À travers une approche croisée entre analyse
du discours et critique thématique, il explore la manière dont l’auteur construit, dans son récit,
des représentations marquées par l’islamophobie et l’Algérophobie.
La première partie situe le roman dans son contexte d’écriture : biographie de l’auteur,
rapport conflictuel à la langue arabe, réception médiatique et polémique autour de l’inspiration
du personnage principal. Il s’agit de montrer que Houris ne peut être lu indépendamment de la
trajectoire intellectuelle et idéologique de son auteur.
Le deuxième chapitre s’attache à analyser les différentes formes de critique de l’islam
dans le roman : subversion des symboles religieux, dénonciation du patriarcat islamique,
sacralisation de la violence et rejet des institutions spirituelles. Parallèlement, l’étude met en
lumière un discours algérianophobe latent, à travers une représentation dégradée de la société
algérienne, de la langue arabe, de la Révolution et de la condition féminine. Le corps des
femmes devient le lieu privilégié de cette violence symbolique, à la fois religieuse, sociale et
politique.
Le troisième chapitre démontre que la posture de Daoud s’inscrit dans une continuité
idéologique avec d’autres écrivains algériens en rupture avec leur société d’origine. Il met en
évidence une occidentalisation assumée du regard et une esthétique du ressentiment, où
l’écriture se fait arme contre une identité rejetée.
Ainsi, Houris apparaît moins comme un roman de mémoire que comme un manifeste
polémique, où l’auteur projette ses propres frustrations et jugements idéologiques sur une
Algérie caricaturée. Ce mémoire invite à une lecture vigilante de l’œuvre de Kamel Daoud, en
interrogeant les glissements entre critique littéraire légitime, stigmatisation culturelle et
compromission politique.