Résumé:
Le sous-bassin de Bouhamdane, situé dans le Nord-Est Algérien, appartient au grand bassin versant de la Seybouse et couvre une superficie de 1105 km². Il occupe une position stratégique en raison des multiples usages de ses ressources en eau, notamment pour la consommation domestique et l’irrigation. Toutefois, ces ressources hydriques font face à des menaces croissantes de pollution naturelles et anthropiques, ainsi qu’une croissance démographique continue qui accentue la surexploitation des eaux souterraines.
Cette étude a pour objectif d’évaluer la qualité hydrochimique et bactériologique des eaux souterraines et superficielles du sous-bassin de Bouhamdane, et de délimiter les zones de recharge des nappes à l’aide de la cartographie. Pour cela, 05 campagnes de prélèvements ont été réalisées sur des eaux de surface (Oueds Zenati et Bouhamdane) et des eaux souterraines (puits et sources) allant du mois de mars jusqu’au décembre 2012, avec 20 échantillons analysés à chaque campagne. Les analyses ont porté sur 25 paramètres physicochimiques ainsi que sur plusieurs indicateurs bactériologiques, tels que les coliformes totaux et fécaux, les streptocoques, les anaérobies sulfito-réducteurs (ASR), les staphylocoques et les pseudomonas.
Les résultats physicochimiques révèlent une forte minéralisation des eaux, avec des concentrations élevées en ions tels que Na⁺, Cl⁻, SO₄²⁻, Ca²⁺ et HCO₃⁻. La conductivité électrique varie de 384 à 2385 μS/cm, tandis que les concentrations de nitrates (65,2 mg/l), nitrites (2,89 mg/l), phosphates (6,45 mg/l) et fluorures (2,85 mg/l) dépassent fréquemment les normes, signalant une pollution marquée. La qualité des eaux pour l’irrigation est globalement jugée médiocre. Les indices de qualité de l’eau (IQE, IQEI et IPO) confirment une dégradation notable, notamment à l’Oued Zenati.
L’analyse bactériologique met en évidence une contamination importante. Les GT, CT et CF, ainsi que les SF, dépassent souvent les normes de potabilité et d’irrigation. L’origine de la pollution est principalement animale pour les eaux souterraines et humaine pour les eaux superficielles. En outre, la détection de germes pathogènes, souligne un risque sanitaire sérieux.
Pour cartographier les zones de recharge des nappes souterraines, deux méthodes multicritères ont été appliquées : le Processus Analytique Hiérarchique (AHP) et le Facteur Multi-Influent (MIF). La méthode AHP a identifié 34,69 % de la zone comme ayant un bon potentiel de recharge, tandis que la méthode MIF n’a identifié que 16,29 %. Les taux d’infiltration annuels estimés sont de 33,16 % des précipitations pour AHP (198,23 mm/an) et de 30,20 % pour MIF (180,54 mm/an).
La validation sur le terrain, basée sur les débits et niveaux d’eau mesurés dans 56 puits peu profonds, a montré une précision supérieure de la méthode AHP (97,1 %) par rapport à MIF (84,6 %).
Un suivi régulier permettrait d’identifier les sources de contamination, de prévenir les risques sanitaires et environnementaux, et de guider les actions nécessaires pour protéger et gérer durablement ces ressources vitales