Résumé:
Cette étude s'inscrit dans une démarche de développement durable visant à valoriser les
sous-produits industriels dans la fabrication de matériaux de construction. Plus spécifiquement,
elle a porté sur l'incorporation de deux coproduits majeurs de l'industrie sucrière - l'écume de
sucre riche en fibres cellulosiques et la mélasse riche en sucres - dans les formulations de
briques, mortiers et bétons.
Une étude bibliographique approfondie a d'abord permis de synthétiser les
connaissances sur la valorisation des déchets et les caractéristiques de ces matériaux. Un vaste
programme expérimental combinant essais normalisés et analyses microstructurales a ensuite
été mené pour évaluer l'impact de différents dosages de substitution sur les propriétés clés :
résistances mécaniques (compression, flexion), transferts hydriques (absorption d'eau, humidité
interne), ouvrabilité, cinétiques de prise.
Les résultats ont révélé des comportements contrastés selon la nature du substitut.
L'incorporation d'écume de sucre jusqu'à 10% s'est avérée bénéfique, permettant d'améliorer
significativement les résistances des briques (+18% en compression) et des mortiers,
probablement grâce à un effet de renfort par les fibres cellulosiques. Cependant, au-delà de
15%, un excès de matière organique a dégradé les performances.
A l'inverse, l'ajout de mélasse s'est révélé extrêmement défavorable, entraînant des
baisses importantes des résistances mécaniques (jusqu'à -90% pour les bétons), une
augmentation drastique de la porosité et de l'absorption d'eau, ainsi qu'une perturbation des
cinétiques de prise, quelle que soit la teneur incorporée.
Cette étude démontre donc le potentiel de valorisation contrôlée de l'écume de sucre
pour développer des éco-matériaux performants et durables. Cependant, l'utilisation de la
mélasse apparaît très limitée en raison de ses impacts néfastes majeurs. Des investigations
complémentaires sur la microstructure, la durabilité à long terme et les aspects économiques
permettront d'optimiser les formulations avant un possible transfert industriel de ces solutions
éco-innovantes.