Etude épidémiologique moléculaire du portage de Streptocoque de groupe B chez la femme enceinte à Guelma: prévalence, facteurs de risque et résistance aux antibiotiques des souches isolées

Abstract

Objectif Depuis longtemps, Streptococcus agalactiaeest reconnu comme principal agent des infections maternofoetales dont les conséquences sont dramatiques et il apparaît également comme un pathogène émergent dans lesinfections chez les adultes. Notre objectif est d’évaluer la prévalence du portage de SGB chez la femme enceinte dans notre contexte Algérien et de rechercher les éventuels facteursprédictifs de ce portage.Parallèlement, rechercher la résistance bactérienne aux antibiotiques, les différents sérotypes circulant dans notre région ainsi que la diversité génétique de ces isolats, en comparant à ceux isolés de Marseille, France. La présente étude décrit pour la première fois la diversité génétique et phénotypique des 93 isolats de Streptococcus agalactiae (SGB) collectés à Guelma, Algérie, et à Marseille, France. Méthodes Sur une période de trois ans, 93 isolats de SGB ont été collectées entre Guelma et Marseille. Un prélèvement vaginal a été réalisé de manièreprospective dans notre région chez 494 parturientes au cours des trois trimestres de la grossesse. L’identificationde Streptococcus agalactiae dans les prélèvements vaginaux nous a permis de mesurer laprévalence de portage chez les femmes enceintesUne analyse statistique des données apermis de tirer certaines conclusions. Toutes les souches ont été identifiées par MALDI-TOF MS. Ensuite, les tests de sensibilité aux antibiotiques (méthode de diffusion de disques sur gélose et CMI par E. Test) ont été réalisés selon les recommandations de la société Française de Microbiologie. Le support moléculaire de la résistance aux antibiotiques et le sérotypageont été étudié par PCR et séquençage. La lignée phylogénétique de chaque isolat de SGB a été déterminée par multilocussequencetyping (MLST) et regroupés dans des complexes clonaux (CC) en utilisant le programmeeBURST. Résultats La fréquence globale de portage chez la femme enceinte dans notre région est faible par rapport à celle trouvée dans la littérature (9%). Un seul facteur favorisant la colonisation maternelle est constamment retrouvé. Les isolats représentent 37 séquence types (STS), dont 16 étaient des nouveaux STs, regroupés en cinq CCs et appartenant à sept sérotypes. Le sérotype V était le sérotypele plus répandu dans notre collection (44,1%). Les isolats de SGB de chaque sérotype ont été répartis entre plusieurs CCs, y compris cps III / CC19, cps V / CC1, cpsIa / CC23, cps II / CC10 et cps III / CC17. Tous les isolats présentent une sensibilité à la pénicilline; alors que la résistance à l'érythromycine a été détectée dans 40% et la tétracycline dans 82,2% des isolats. Sur les 37 isolats résistants à l'érythromycine, 75,7% ont montré une résistance au macrolide-lincosamide-streptogramine (MLSBphénotype) et 24,3% présentent une résistance au macrolide (M phénotype). Une résistance constitutive MLSB (46%) médiée par le gèneermBétait significativement associée aux isolats deGuelma, tandis que le phénotype de résistance M (24,3%) méditée par le gène mefA/E domine parmi les isolatsde Marseille et appartenait à la séquence type ST-23. La résistance à la tétracycline était principalement due à tetM, qui a été détecté seul (95,1%) ou associé à tetO (3,7%). Conclusions La colonisation génitale par Streptococcus agalactiae chez la femme enceinte est uneréalité à ne pas sous-estimer vu les conséquences néonatales qui en découlent.Il serait souhaitable d’instaurer une politique de dépistage systématique àterme chez toutes les femmes enceintes dans notre contexte. Ces résultats fournissent des données épidémiologiques dans ces régions qui établissent une base pour surveiller une résistance accrue à l'érythromycine et fournissent également un aperçu des corrélations entre les clones, les sérotypes et les gènes de résistance.